Sirem et l'oiseau maudit

Après avoir perdu sa famille au cours de la grande guerre qui a déchiré son pays, Sirem a été recueillie par un général rangé des voitures et a grandi à l'abri d'une bibliothèque. Mais dix ans plus tard, la revoilà jetée sur les routes de la Constellation et contrainte de faire alliance avec un étrange faucon (qui fut autrefois humaine) pour tenter de sauver son père adoptif. La jeune fille, qui s'imaginait passer le reste de son existence au milieu des livres et loin des hommes, va pourtant devoir apprendre à forger des liens avec les autres si elle veut pouvoir survivre à ce périlleux périple.

L'histoire de Sirem est un très beau récit d'apprentissage, qui suit une héroïne attachante et qui va progressivement se découvrir en même temps que nous découvrons le monde, inspiré du folklore nord-africain et qui change agréablement de la fantaisie classique made in Europe du nord, où elle évolue. Si la structure du récit reste classique (rencontre/épreuve/progression/..../combat final), on est néanmoins heureux de cheminer aux côtés de Sirem, et on aimerait découvrir plus de contes et légendes issues de la Constellation (même si je crains que ce roman reste un one-shot).

Sirem et l'oiseau maudit, de Yasmine Djebel, un roman envoutant, à découvrir dès 13 ans.

Modeste

Dans l'école du narrateur de cet album (comme dans toutes les autres d'ailleurs), les enfants aiment bien se vanter. C'est à qui aura les parents les plus stylé·e·s, la maison la plus belle, ou les vacances les plus extraordinaires. Notre héros quant à lui, ne sais pas trop ce qu'il pourrait raconter, parce que les vacances chez mamie dans les Vosges, c'est sympa, mais ça ne fait pas de vous la star des cours de récré. Sauf que derrière son apparence modeste, la maison du protagoniste cache un secret pas banal...

Voilà un court récit à la chute inattendue pour nous parler d'inégalités entre enfants, parce que c'est pas toujours facile de se dire qu'on n'a rien de spécial par rapport aux copains et aux copines. Entre la vie extraordinaire des autres, et le quotidien banal du petit héros, les illustrations de Magali le Huche insufflent la juste de dose de fantaisie et d'humour dans un récit qui parlera aux jeunes lecteur·rice·s

Modeste, de Julien Baer et Magali le Huche, un conte moderne à découvrir dès 7 ans.

Onigiri

Moins connus en France que les sushis (et moins snobs aussi), les onigiris sont le casse-dalle japonais par excellence : un gros triangle de riz (farci ou non) enveloppé d'un morceau d'algue nori (pour la prise en main), et c'est marre. Ce chouette album jeunesse leur rend hommage avec toutes les instructions nécessaires pour préparer le riz, plusieurs recettes de farce, et s'achève sur un petit conte traditionnel où les onigiris tiennent la vedette, le tout étant joyeusement mis en valeur par de jolies illustrations.

Bon, étant à la tête d'une smala de difficiles (du genre à se nourrir quotidiennement de pâtes et à froncer du nez devant les nouveautés), j'ai le plus grand mal à faire varier les menus familiaux, et les livres de cuisine jeunesse c'est un peu mon graal à moi. Parce que c'est pas si facile de trouver des bouquins avec des recettes qui font envie, faciles à mettre en oeuvre et bonnes à la fin. Et là je dois dire que cet ouvrage a brillamment passé les trois épreuves :

• Des recettes qui font envie : L'autrice aime les onigiris, c'est indéniable, et les premières pages du livre qui chantent leurs louanges nous mettent bien vite l'eau à la bouche.

• Des recettes accessibles : En gros pour démarrer il faut du riz japonais et des feuilles d'algue et ces ingrédients se trouvent désormais aisément dans des supermarchés sans nécessiter un passage par une épicerie spécialisée. Côté recettes de farces, il y a suffisamment d'options simples (petits pois, sauce soja ou thon mayonnaise) pour démarrer tranquillement. Libre à vous de monter ensuite en complexité si ça vous a plus. Côté technique, ben il va falloir patouiller un peu les mains dans le riz qui colle, mais c'est exactement le genre d'activité qui plait aux cuisinier·e·s en herbe, donc c'est parfait.

• Des recettes bonnes : Je suis partie sur les onigiris thon-mayonnaise, parce que juste ça c'était déjà super exotique pour ma progéniture. Sachant que n°3 (10 ans) a directement déclaré qu'elle aimait pas le thon.

Et ben j'ai pas eu de restes.

Donc maintenant j'ai hâte de tester les autres recettes (qui me font aussi bien envie) et je pense que ce bouquin va bien servir en cuisine dans les années à venir.

Onigiri, de Aya Yamamoto et Yoshiko Noda, pour cuisiner en famille dès 8 ans.

Le club des moustaches

Au club des moustaches, les chats jouent à cache cache ! Petits ou gros, tachés ou rayés, de toutes les couleurs et élégamment accessoirisés, à vous de découvrir les attributs des félins de vos adversaires pour gagner la partie !

N°3 (10 ans) a découvert ce petit jeu de déduction chez une amie, et elle a eu un coup de coeur immédiat, au point qu'elle a même demandé à l'acheter avec son argent de poche. Après essai en sa compagnie, je confirme qui s'agit effectivement d'un très chouette petit jeu, rapide à prendre en main, mais qui va nécessiter de se triturer un peu les méninges si vous voulez l'emporter. Voilà donc une petite boite (facile à transporter en voyage) qui est bien partie pour nous accompagner durant les prochaines vacances !

Le club des moustaches, un jeu pour se creuser la cervelle à partir de 7 ans.

Oyez ! Oyez ! Petits chevaliers !

Lors d'une paisible balade en forêt, les vaillant·e·s Aliénor et Pépin, chevalier·e·s de leur état, se voient confié·e·s une mission du roi en personne : retrouver une petit fille vêtue de rouge avant que le grand méchant loup ne la croque !

Mais où donc la chercher ? Dans le château endormi, la maison en pain d'épice ou la cabane des trois ours ? Ce sera aux petit·e·s lecteur·rice·s de faire des choix pour éviter pièges et embûches jusqu'à la fin de l'histoire.

Voici un très chouette et très malin album jeunesse en mode livre dont vous êtes le héros, où l'on doit choisir entre deux option à chaque fin de page, et où l'on se repère à l'aide d'onglets découpés sur le bord de la page de droite. Les illustrations toutes en rondeur s'accordent parfaitement avec cet univers de contes de fées, et sitôt l'aventure terminée, ma jeune lectrice m'a immédiatement réclamé les autres tomes de cette collection (qui sont judicieusement indiqués sur la toute dernière page, les éditeurs sont fourbes parfois).

Oyez ! Oyez ! Petits chevaliers !, de Sylvie Misslin et Amandine Piu, une drôle d'aventure au pays des contes de fées, à découvrir dès 4 ans.

Clara et les Sortilèges

Clara travaille à l'atelier des costumes de l'Opéra Comique et est plutôt du genre territorial. Du coup c'est peu dire que la jeune fille voit d'un mauvais oeil le nouveau stagiaire qu'on vient de lui refourguer et qu'elle va devoir guider au sein de la vénérable maison.

Mais pour nous, auditeur·rice·s, c'est une chance, puisque cette charge nous donne l'occasion de découvrir les coulisses d'un endroit magique, en cinq épisodes d'une dizaine de minutes. On aime aussi le ton faussement ronchon de la narratrice et les intermèdes musicaux qui viennent joliment animer les épisodes.

Clara et les Sortilèges, un podcast ensorcelant à découvrir dès 7 ans.

Les esprits de l'escalier

C'est l'histoire d'un homme d'hier (voire même d'avant hier) qui tombe sous le charme d'une fille d'aujourd'hui. Malheureusement pour notre amoureux, s'il est certes doté d'un indéniable sens de l'humour (avec, j'avoue, une prédilection pour les blagues à papa), son sens de la répartie a quant à lui décidé de prendre des vacances prolongées. Et voici donc notre fantôme, puisque nos deux protagonistes sont décédé·e·s, mais hélas à plus d'un siècle d'intervalle, condamné à errer dans la cage d'escalier d'un vieil immeuble parisien tout en maudissant son esprit d'escalier (dit aussi effet Rantanplan, c'est ce truc qui fait que les répliques qui tuent nous viennent toujours trop tard en tête). Cet esprit trop lent arrivera-t-il un jour à déclarer sa sa flamme à temps à cette fille de l'air ?

Comment ne pas être charmé·e par ce texte tout en poésie et fantaisie, signé de la toujours fabuleuse Clémentine Beauvais ? Il est formidablement servi (et réciproquement) par des illustrations pleines de délicatesse qui rendent compte à merveille des tourments du malheureux revenant.

Les Esprits de l'escalier, de Clémentine Beauvais et illustré par Gérald Guerlais, un conte tourbillonnant à découvrir dès 7 ans.

Super Chouette printemps

 C'est l'heure du point trimestriel sur les nouveautés dans les séries qu'on aime !

• Après les shorts migrateurs, la petite Charlotte est de retour dans un nouvel album plein d'humour qui va nous parler de blocs (de légos, pas d'escalade).

• On repart également faire un tour du côté de la grande bibliothèque de Magus of the Library, avec un tome 6 qui va nous permettre de faire plus ample connaissance avec les camarades d'étude du héros.
  

• Enfin, le troisième tome des Tribulations d'Esther Parmentier vient clôturer la série en beauté, avec une ultime aventure trépidante (mais quand même c'est dommage, moi j'aurais adoré lire d'autres tomes d'Esther Parmentier, Sorcière titulaire).

Miss Chat

Détective privée de son état, Miss Chat tient boutique dans une ancienne crémerie, résout des énigmes qui font plus que flirter avec le fantastique, et entre deux aventures, se remet de ses émotions dans un bar à lait tenu par un poulpe.

J'avoue avoir d'abord été décontenancée par cette série au format hybride, entre la BD et le premier roman jeunesse, et son humour très pince sans rire. Et puis on se laisse embarquer par la fantaisie des scénarios un peu foutraques, la galerie de drôles de personnages qui croisent la route de Miss Chat et la richesse des illustrations au dessin faussement naïf (forcément, c'est l'immense Joëlle Jolivet à la barre). J'ai tout particulièrement été séduite par l'ambiance qui se dégage de la ville portuaire entre Danemark et Norvège où notre féline héroïne mène ses enquêtes, comme un détournement joyeux de vrai-faux polar nordique.

Miss Chat, de Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet, des aventures qui viennent du froid (trois épisodes parus à ce jour), à partir de 7 ans.