dimanche 31 mai 2020

Les étranges soeurs Wilcox

Une (pas franchement) belle nuit d'hiver 1888, les soeurs Amber et Luna Wilcox se réveillèrent dans un cimetière londonien.

Six pieds sous terre.

Chacune dans son cercueil.

Dont elles purent s'extraire sans difficulté vu qu'elles étaient dotées d'une force surhumaine.

En effet, Amber et Luna étaient désormais des vampires.

Va suivre une longue quête pour les soeurs Wilcox, qui vont tenter de comprendre comment elles ont pu en arriver là ; et ce qui est advenu de leur père et de leur belle-mère, qui ont disparu lors de l'incendie de la demeure familiale. En chemin, leur route va croiser celles des Invisible, une confrérie bien mal en point de magiciens qui tentent de protéger la couronne britannique, et luttent depuis plusieurs siècles contre Dracula et son clan de vampires. Et si le destin des soeurs Wilcox était lié à cette bataille centenaire ?

Mi-mars, à l'aube du confinement, fille ado est allée faire une razzia sur les romans jeunesse de son CDI. Deux mois et demi plus tard, les aventures des soeurs Wilcox sont les grandes gagnantes de ce marathon lecture. L'ado a beaucoup aimé ce duo d'héroïnes badass avec plein de super pouvoirs, ainsi que l'ambiance fantastique des romans. Personnellement, j'ai apprécié le joli line-up de figures victoriennes, qui nous permet de rencontrer Sherlock Holmes, Bram Stoker ou Jack l'Éventreur au détour des pages, ainsi que le style fluide et élégant de Fabrice Colin, qui nous avait déjà touché dans La bonne aventure.

Les étranges soeurs Wilcox, de Fabrice Colin, des aventures à vous glacer le sang dès 12 ans.


PS : Pour une raison qui me dépasse complètement, le site de Gallimard jeunesse (qui est tout de même l'éditeur des romans) ne mentionne que les trois premiers tomes de cette série. Tandis que d'autres sites font état d'un quatrième opus, sorti en 2011 et épuisé depuis. Alors, 3 ou 4 tomes ? Voilà un mystère qui sied fort bien à nos étranges héroïnes !

mercredi 27 mai 2020

Cyrano de Bergerac

Dans notre série Oldies but Goodies du mercredi, cette semaine on vous propose de redécouvrir le Cyrano de Bergerac de Rappeneau. Un vintage 1990 qui date donc d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, une époque où Gérard Depardieu avait du génie et Vincent Pérez était beau.

Bref.

Si vous avez des collégiens à la maison ils connaissent probablement déjà le pitch : 
- Cyrano au grand nez aime sa cousine, la précieuse Roxane.
- Roxane préfère Christian et son physique avantageux.
- Christian est bien content parce que lui aussi il kiffe Roxane. 
- Pas de bol, Christian est con comme un balais et Roxane aime aussi les beaux parleurs. 
- Alors plutôt que de laisser sa cousine découvrir l'affreuse vérité, Cyrano va prêter ses mots au bellâtre pour qu'il puisse conquérir le coeur et l'esprit de notre précieuse pas hyper fut'fut'. 

Spoiler : ne faites pas ça chez vous, à la fin tout monde mourra déçu et malheureux.

Malgré son grand âge, le film a remarquablement bien vieilli, notamment grace à la mise en scène de Rappeneau, qui a su intelligemment raccourcir la pièce (mais on a tout de même 2h15 de film) et alterner les scènes de dialogues et d'action, ce qui est appréciable pour le jeune public. Le texte de Rostand est parfaitement mis en valeur, de la tirade des nez à l'agonie finale de Cyrano. Et si votre progéniture n'est pas en larmes au moment du générique de fin, vous avez toute ma bénédiction pour la déshériter.

Cyrano de Bergerac, un film de cape et d'épée qui vous fera vibrer, à partager avec ses enfants à partir de 8 ans.

dimanche 24 mai 2020

Les Mythics


Les Mythics sont 6, comme les doigts de la papatte d'un Maine Coon polydactile. Dispersé·e·s sur l'ensemble du globe (Japon, Inde, Égypte, Grèce, Allemagne et Mexique), chacun·e d'entre eux·elles est la réincarnation d'un·e puissant·e guerrier·e issu·e d'une mythologie différente. Et il va leur falloir unir leurs forces pour combattre le mal alors que celui-ci fait son grand retour sur terre...

Cette série s'appuie sur une trame classique, six jeunes ados (qui ont entre 11 et 16 ans) se découvrent des pouvoirs extraordinaires et vont devoir apprendre à les contrôler et à coopérer pour défendre le bien. Mais étonnamment elle a fait mouche à la maison.

Je dis étonnamment parce que sur la couverture de chaque tome, il y a marqué en gros

Par les créateurs des Légendaires et de la Rose Écarlate

Vous aimez les Légendaires ?

Et ben moi pas du tout.
(La Rose Écarlate pas contre on trouve ça chouette, même s'il y a des trucs à redire)

Je sais bien que c'est un best-seller de la bande-dessinée jeunesse, mais l'humour au raz des pâquerettes et les clichés sexistes dont est truffée cette série font qu'elle me sort par les yeux. Avec Mortelle Adèle c'est un peu ma seconde bête noire de l'édition jeunesse (OK, j'avoue, en vrai je déteste plein d'autres trucs, mais là on n'a pas le temps de tous les faire).

Par contre les Mythics, ma progéniture et moi (soit un public 100% féminin), on a beaucoup aimé. 

Pour la parité bien sur, 3 héros-3 héroïnes, comme quoi c'est pas si compliqué à faire, pour la diversité des origines des personnages, et aussi la variété des tempérament représentés. Les filles n'ont pas besoin d'être toujours douces et fragiles, les garçons ne sont pas forcément des gros bourrins (mention spéciale à Amir qui est notre petit chouchou dans la bande). Et puis chaque protagoniste est coaché·e par l'esprit guerrier qui lui est associé·e, qui apparait sous la forme d'un petit fantôme tout mignon. Et le décalage entre l'état d'esprit du fantôme des temps jadis et celui d'un ado d'aujourd'hui forme un ressort comique assez réjouissant.

9 tomes sont déjà sortis, qui présentent chacun des personnages et racontent leur rencontre, maintenant on est au taquet en attendant le tome 10 qui sera consacré à l'affrontement final !

Les Mythics, de Patricia Lyfoung, Philippe Ogaki et Patrick Sobral (et un·e dessinateur·rice qui change à chaque tome), des aventures qui dépotent tout autour du monde, à découvrir dès 8 ans.

mercredi 20 mai 2020

Les Éditions du Ricochet (avec un concours dedans !)

Depuis 25 ans les Éditions du Ricochet aident petits et grands à explorer et mieux comprendre le monde qui les entoure au travers de chouettes albums et documentaires. Petit passage en revue des ouvrages de la maison qui nous ont séduit·e·s ces dernières années :
  • Ici on est sous le charme de la collection Ohé la science, qui permet de faire découvrir la nature aux plus jeunes.
  • On a également beaucoup aimé Mon petit monde, un superbe album coloré pour expliquer l'univers foisonnant des bactéries aux plus petit·e·s 
  • Le livre des animaux magiques est un magnifique album, à la fois livre de contes et documentaire, qui vous embarque pour voyage pas banal au sein du règne animal.
  • Pour nos ados, on est particulières fans de la collection POCQQ (Pourquoi ? Où ? Comment ? Qui ? Quand ?), des documentaires super bien ficelés sur les grands sujets de société. Et on a eu un énorme coup de coeur pour les volumes sur le Féminisme et les Journalistes.
  • Tout Nu !, est un formidable dictionnaire (en provenance du Québec) qui sait parler avec intelligence et bienveillance aux ados du corps et de la sexualité.

Et parce que 25 ans, c'est un anniversaire important, les Éditions du Ricochet proposent aux gentil·le·s lecteur·rice·s de Super Chouette de gagner un de leurs ouvrages au choix, entre Le livre des animaux magiques et Tout nu !, si c'est pas formidable ça !!!

Pour participer c'est très simple, vous avez jusqu'au lundi 1er juin pour laisser un commentaire sous ce message, où vous préciserez l'ouvrage que vous souhaitez gagner. Après quoi je tirerai au sort le nom de l'heureux·se gagnant·e parmis tous les commentaires. 

Bonne chance à toutes et à tous !

PS : Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant, mais ça sera plus facile de vous attribuer un lot si votre commentaire n'est pas anonyme...

dimanche 17 mai 2020

Les p’tits philosophes


Chaque mois dans le magazine Pomme d'Api (qui est plutôt destiné aux enfants de maternelle), Chonchon le cochon (de petite section), Raoul le loup vantard (chez les grands), Plume l'oiseau et Mina la chatte (tous deux chez les moyens) s'interrogent sur la vie, leurs émotions et le monde qui les entoure.
  • Qu’est-ce qu’un cadeau ?
  • Pourquoi faut-il faire des efforts ?
  • Qu’est-ce qui est beau, qu’est-ce qui est laid ?
  • Qu’est-ce que grandir ?...
En trois pages colorées, chacune de leurs aventures fait écho à la vie quotidienne des petit·e·s lecteur·rice·s de la série, et les aide à questionner le monde et à mieux comprendre celui-ci, sans pour autant apporter de réponse toute faite.

Du temps où nous étions abonnés au magazine c'était un de nos rendez-vous mensuels préférés avec les enfants, et on a été particulièrement heureux de découvrir que les épisodes avaient été regroupés en deux recueils. Le format court des petites bandes dessinées est particulièrement adapté pour l'histoire du soir et permet d'aborder en douceur des questions pas si simples que ça pour les plus jeunes (la vie, l'amour, la mort...). Les illustrations joyeuses de Dorothée de Monfreid permettent quant à elles de garder un peu de légèreté et d'humour même quand les petits philosophes se penchent sur des sujets sérieux.

Certain chapitres ont même été adaptés en courtes pastilles animés (de 5 minutes) et sont visibles sur le site Bayam.

Les p'tits philosophes, de Sophie Furlaud et Dorothée de Monfreid, parce qu'il n'est jamais trop tôt pour s'interroger (enfin après 8h du matin ce serait plutôt bien), deux livres avec plein de questions dedans, dès 4 ans.

mercredi 13 mai 2020

Superchouette printemps !

Pour célébrer la fin du confinement, voici quelques nouveautés des derniers semestres dans les séries qu'on aime sur Superchouette !

  • Le quatrième tome des Spectaculaires nous embarque pour une folle course à travers l'Europe sur les traces d'un mystérieux gentleman cambrioleur (et rongeur) ! 
  • Jasmine la souris coquine poursuit ses aventures toutes en tendresse (et n'en a visiblement rien à carrer des gestes barrières).
  • L'épisode de Noël de Maman ours a enfin été traduit en français. Et les trois premières aventures de Michel, l'ours maternel, on été rééditées en un volume unique, pour encore plus de choupitude oursonnesque !
  • La vie continue dans l'immeuble des Merveilleux Voisins, avec de nouveaux habitants toujours plus étonnants !
  • Et parce qu'on n'a jamais trop de pandas chez soi, l'irresistible extension Chibis de Takenoko vous permet d'inviter Miss Panda et plein de bébés dans la bambouseraie !

dimanche 10 mai 2020

Arte

Florence, première moitié du XVIème siècle, la jeune Arte nourrit une passion dévorante pour le dessin qui a été longtemps encouragée par son père. Mais quand la mort de celui-ci laisse sa famille de petite noblesse sans le sou, la mère d'Arte a bien d'autres soucis, et notamment comment trouver un moyen de marier sa fille sans dot. L'impétueuse jeune fille quant à elle entend bien se former dans l'un des nombreux ateliers de peinture de la ville. 

Parviendra-t-elle à entrer en apprentissage et à vivre un jour de son art ?

Cette très chouette série de mangas met en scène une héroïne vive et résolue à trouver sa place dans un monde d'hommes, mais aussi ingénue, elle qui a grandi dans un milieu aristocratique à l'abri du besoin, et dans le fond très attachante. La mangaka a réalisé un gros travail de documentation qui nous plonge dans le monde des ateliers artistiques de la renaissance florentine (l'architecture de la ville, le mobilier ou les costumes sont particulièrement bien rendus). Le parcours d'Arte est aussi l'occasion d'apprendre des tas de choses, que ce soit sur la société de l'époque, le fonctionnement des ateliers, le parcours d'apprentissage ou les techniques associées à la peinture, que l'on va découvrir en même temps que la jeune fille. Bref, tout comme Bride Stories, cette série nous emmène très loin dans le temps et l'espace, dans un univers qu'on n'associerait pas spontanément au manga.

Arte, de Kei Ohkubo, 9 tomes parus jusque là, un manga qui fait voyager, à partir de 11 ans.

PS : Pour l'anecdote, Arte doit sans doute son nom à la figure d'Artemisia Gentileschi, qui fut une des rares femmes peintres classiques à être passée à la postérité. Mais celle-ci a vécu un siècle plus tard et son parcours est bien éloignée de celui de notre héroïne puisqu'elle venait elle d'une famille d'artistes.


mercredi 6 mai 2020

4 films pour 4 filles

En janvier dernier, l'adaptation par Greta Gerwig des Quatre Filles du Dr. March sortait sur nos écrans. Cette version sensible et remarquable d'intelligence de ce classique de la littérature jeunesse américaine (sorti en 1868) est désormais disponible en VOD (et très bientôt en DVD). Mais plutôt que de la regarder de suite, sur Super Chouette on vous propose un cycle cinéma pour découvrir les glorieux anciens qui l'ont précédée. 

Préparez vous donc à rencontrer 16 filles du Dr. March !
(et prévoyez aussi une bonne réserve de mouchoirs...)
  • En 1933 Cukor ouvre le bal (Wikipédia me dit qu'il y a une premiere adaptation muette de 1914 mais on fera sans) avec une version en noir et blanc où la légendaire Katharine Hepburn interprète l'intrépide Jo.
  • En 1949, la version de Mervyn LeRoy permet d'admirer une Elisabeth Taylor blonde dans le rôle d'Amy la peste et dans un écrin de technicolor flamboyant.
  • 1994, c'est la version de ma jeunesse, par Gillian Armstrong, cette fois on retrouve la fougueuse Winona Ryder dans le rôle de Jo, mais aussi les toutes jeunes Clare Danes et Kirsten Dunst pour jouet Beth et Amy.
  • 2020, la version de Greta Gerwig donc, fabuleuse d'intelligence et de clairvoyance sur la condition féminine. Le casting est une fois de plus au top, surtout pour Saoirse Ronan en Jo et Florence Pugh qui vient réhabiliter le personnage d'Amy (par contre je m'interroge encore sur le choix de Louis Garrel pour interpréter un émigré allemand...)
Les paris sont donc ouverts, quelle version sera votre préférée ?


dimanche 3 mai 2020

Sans foi ni loi

Garett Blake a 16 ans, et une existence étriquée, coincé entre les travaux à la ferme, une grande fratrie (sans mère), un père pasteur psychorigide et violent, et des paroissiens dociles qui écoutent sagement ce dernier tous les dimanches.

Bref, c'est pas vraiment la joie.

Et puis un beau (?) jour, Ab Stenson débarque dans sa vie. Fugitive après un braquage sanglant, cette hors-la-loi que rien n'arrête embarque de force l'adolescent avec elle. Mais la prise d'otage va vite se muer en un périple initiatique à travers l'ouest sauvage qui va mener Garett vers l'âge adulte. Autour de la figure centrale d'Ab, le jeune homme se trouvera également une nouvelle famille faite de parias (prostituées ou métisses) et pourtant infiniment plus humaine que les respectables citoyens de son village natal.

Sans foi ni loi est un magnifique récit d'apprentissage qui joue habilement avec les codes du western (le duel dans la poussière, les chevauchées sauvages, le saloon avec ses danseuses et joueurs de poker) et nous propose un beau portrait de femme forte et éprise de liberté dans un environnement qui lui est profondément hostile. Le style sec et âpre de Marion Brunet rend parfaitement compte de l'ambiance générale, mais la sobriété du verbe n'empêche pas la profondeur des sentiments que l'on va développer pour la belle galerie de personnages qui peuple ce roman.

Sans foi ni loi, de Marion Brunet, une cavalcade au pays des cow-boys à entreprendre dès 14 ans.

Le grain de sel historique : J'ai été surprise de voir plusieurs critiques du roman situer l'action de celui-ci dans les années 1920, ce qui me semble un peu tard pour un western. Traditionnellement le style décrit plutôt des récits se déroulant dans la seconde moitié du 19ème siècle. Les trains des orphelins, qui emmenaient des enfants des villes de la côte est vers les zones rurales du nord-ouest ont effectivement fonctionné de 1850 à 1920. Mais dans le récit, Garett fait également référence à la guerre, comme s'il s'agissait d'un évènement encore proche dans le temps. Or il s'agit clairement de la guerre de Sécession (1865-1870), qui a fait suite à l'abolition de l'esclavage. On peut donc supposer que le récit se déroule dans les années 1880-1890.