dimanche 30 octobre 2016

Croyez moi je suis un rebelle

Cette semaine, c'est aussi les vacances sur Superchouette.

Donc je me repose. Mais par contre je fais bosser la Superchouette marmaille. Enfin pour être précise, le prof de fille aînée (10 ans) la fait bosser et lui a confié la rédaction d'une fiche de lecture. Donc aujourd'hui c'est elle qui va vous parler de Croyez-moi, je suis un rebelle, chouette petit roman jeunesse qui a fait sa joie en ce début de vacances:

"Ce livre parle d'Archie (Archibald), un collégien en avance sur ses camarades. Au début il est un peu isolé dans sa classe. Un jour, son père trouve une fausse amoureuse, Cheryl, qui s'installe avec eux avec sa fille et qui s'entend très mal avec Archie. Alors, il commence à se rebeller et à faire des bêtises avec l'aide de Miranda (Jones). A la fin, ça va mieux, Cheryl quitte la maison et Archie trouve son caractère. Ce livre est raconté sous le point de vue d'Archie"

Les points positifs : "J'aime bien le personnage d'Archie quand il est sage"
Les points négatifs : " Je n'aime pas trop quand Archie fait des bêtises"
(ça se voit là, que j'ai enfanté une première de la classe ?)

Et on me glisse à l'oreillette qu'il y a aussi de chouettes blagues dans le roman et que c'est une belle histoire d'amitié et sur l'acceptation des différences entre ados.

Croyez-moi, je suis un rebelle, de Pete Johnson, un roman à dévorer dès 9 ans (pour y trouver plein de bonnes idées qui ne plairont pas des masses aux parents).

dimanche 23 octobre 2016

La Glace et le Ciel

Je m'appelle Claude Lorius. J'ai quatre-vint-trois ans et je suis glaciologue.

Autour de cette destinée scientifique franchement hors du commun, cet album nous parle du métier de glaciologue, bien sur, mais il nous apprend surtout ce que l'on peut découvrir en analysant la composition des carottes de glace de l'Antarctique, notamment sur le réchauffement climatique.

Alors je n'ai pas vu le documentaire de Luc Jacquet sur lequel est basé l'album, mais je peux vous dire que le livre m'a complètement emballée et qu'il se suffit parfaitement à lui même (sauf que maintenant j'ai très envie de voir le film,  forcément). J'ai rarement vu un ouvrage de vulgarisation qui parvenait à concilier aussi parfaitement enthousiasme et pédagogie scientifique. En plus en général je me méfie des ouvrages centrés sur un seul chercheur, et qui peuvent facilement virer à l'hagiographie. Mais ici la personne de Claude Lorius n'est pas traitée comme un héros, mais simplement comme une grand passionné qui arrive parfaitement à nous émouvoir et à transmettre son amour pour ses recherches, tout en soulignant bien à quel point ses découvertes s'appuient sur des travaux collectifs.

Et puis franchement, un livre qu'on referme en ayant une folle envie d'aller s'enterrer un an dans une base de l'antarctique chauffée à 8°C (pour -40°C dehors), et ben c'est pas tout les jours que vous allez en croiser !

La Glace et le Ciel, de Claude Lorius et Luc Jacquet, un album qui va vous emmener très très loin, pour les explorateurs pas frileux dès 8 ans.

dimanche 16 octobre 2016

Pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?

Bon ben je crois que tout est dans le titre. Si l'on ajoute que le sous-titre de ce chouette ouvrage est Mon premier manuel de pensée critique, on sait assez vite à quoi s'en tenir : soit un petit livre qui saura répondre avec clarté, pédagogie, et aussi une bonne dose d'humour (parce qu'il en faut parfois pas mal pour ne pas être complètement désespéré) aux questions que peuvent poser les plus jeunes sur le monde contemporain.

Je vais être franche, de base je suis une fan inconditionnelle du couple Pinçon-Charlot, dont j'apprécie énormément les ouvrages de sociologie (qui bien que d'abord destinés aux adultes sont aussi très agréables à lire). J'avais adoré leur volume hilarant avec Marion Montaigne et je suis vraiment impressionnée par la qualité de cet ouvrage jeunesse qui se met au niveau des ses jeunes lecteurs sans jamais les prendre pour des imbéciles. Quand on se souvient que le sous-titre de Superchouette, c'est le blog des enfants pas bêtes, on se dit que jamais un ouvrage n'a autant mérité sa place sur ces pages que celui-là.

Sans surprise ce chouette petit opus est produit par La Ville Brûle, éditeur militant qui nous a déjà fourni l'excellent On n'est pas des poupées, et je vous encourage également à écouter le podcast de l'émission radio Le temps buissonnier consacré à cet ouvrage.

Pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?, de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, élégamment et malicieusement illustré par Étienne Lécroart, 65 pages d'intelligence à dévorer dès 10 ans.





dimanche 9 octobre 2016

La passe-miroir

Petit bout de femme réservé et solitaire, toujours accompagnée de son écharpe caractérielle (si, c'est possible), Ophélie est une animiste. Comme tous les membres de sa famille, elle possède le don d'animer les objets manufacturés. Mais elle est aussi dotée de deux facultés un peu particulières. D'une part Ophélie est une liseuse, à savoir qu'il lui suffit de poser sa main nue sur un objet pour lire toute son histoire (et celle de ses propriétaires par la même occasion) depuis sa fabrication. D'autre part c'est une passe-miroir, faculté bien pratique pour se déplacer d'un endroit à l'autre par miroirs interposés, mais qui peut s'avérer risquée et vous laisser dans des situations scabreuses avec une partie du corps coincée d'un côté et l'autre à quelques kilomètres de là. Ophélie en sait quelque chose, qu'un accident de miroir durant son enfance a justement rendue d'une maladresse pathologique...


Soit.

Quand ses aventures débutent, notre héroïne vient de se retrouvée fiancée à l'insu de son plein gré à Thorn, un grand escogriffe taiseux et psychorigide qui appartient à la pas franchement sympathique famille du clan des dragons (que genre à côté les animistes sont une variété de bisounours un peu excentriques). La voilà donc expédiée à l'autre bout du monde, dans la Citacielle, panier de crabes impitoyable et glacé, où une aristocratie dégénérée se tire en permanence dans les pattes pour gagner les faveurs d'un dieu apathique doté des capacités cérébrales d'un poisson rouge. Entre les complots assassins et la belle-famille meurtrière, c'est peu dire que la période de fiançailles ne va pas s'avérer de tout repos pour Ophélie, qui va devoir trouver en elle des ressources insoupçonnées pour faire face à tout ce dawa (et je suis polie), et au passage apprivoiser un fiancé revêche mais pas si mauvais bougre dans le fond (enfin, si on le compare à sa famille de psychopathes quoi, disons que tout est relatif).

Le premier tome de La Passe-Miroir ayant gagné le concours du premier roman Gallimard Jeunesse en 2012, j'avais déjà vu de nombreuses critiques élogieuses passer à son sujet, mais pour être honnête c'est surtout sa belle couverture avec ses écritures brillantes qui m'a séduite à la médiathèque. Initialement je l'ai pris pour moi, pensant éventuellement le filer ensuite à fille aînée s'il me plaisait. En pratique, elle l'a piqué dans ma valise le premier jour des vacances, dévoré en trois jours (alors que c'est un bon gros pavé), et j'ai suivi son exemple les trois jours suivants. Ensuite comme on était incapables de résister au suspense insoutenable qui clôt le premier tome, on a acheté le second pendant les vacances au lieu d'attendre sagement notre retour pour l'emprunter.

Bref, dit plus simplement, La Passe-Miroir est notre énorme coup de coeur des vacances et même de l'année côté roman (ok, y'a aussi les Petites Reines). L'univers développé par Christelle Dabos est d'une richesse et d'un poésie absolument merveilleuses. Les personnages sont profonds, complexes et attachants, on pense à eux encore longtemps après avoir refermé les livres et maintenant j'attends comme une âme en peine la sortie du troisième tome (quatre sont prévus au total) pour retrouver Ophélie, Thorn et tout l'univers fabuleux qui les entoure.

La Passe-Miroir, de Christelle Dabos, une série qui va vous emmener très très loin, à dévorer à partir de 12 ans.

dimanche 2 octobre 2016

De cape et de mots

La comtesse Séraphine Marie-Geneviève Alexandrina de Notre-Dame Chancies du Jousselinier Senestre lez Castiche de l'Auberivière sié l'Ostel de la Colline (à vos souhaits), dite Serine, a dix-sept ans, une palanquée de petits frères à nourrir, et les seules choses que feu son papa lui a transmises c'est un nom à rallonge et une fantaisie à toute épreuve. Le premier est certes d'une utilité plutôt restreinte, mais elle va mettre à profit la seconde en s'enfuyant fissa du domicile familial, évitant par la même occasion le mariage organisé par sa mère. 

Serine sera donc demoiselle de compagnie pour la reine, et c'est peu dire qu'elle va mettre un sacré dawa à la cour, mais aussi se coller dans des embrouilles pas piquées des hannetons. Heureusement pour elle, la jeune fille pourra compter sur des alliées précieux et inattendus, qu'ils soient lingère, marmiton ou même apprenti bourreau...

L'héroïne de ce drôle de roman n'a pas la langue dans sa poche et nous emmène dans une aventure ébouriffante, où entre deux rebondissements, on pourra découvrir ce que sont une esperlune et une lifrejole, et même plein d'autres mots (qui sont eux dans le dico).

De cape et de mots, de Flore Vesco, un roman vibrionnant, à dévorer dès 10 ans.