Superchouette automne

 C'est l'heure de notre passage en revue trimestrielle des nouveautés dans les séries qu'on aime déjà !

• Les éditions Novel poursuivent leur formidable travail de traduction des oeuvres d'Edith Nesbit avec une magnifique réédition des Enfants du Chemin de Fer !

• Akata Woman, le troisième et dernier tome de la série fantastique de Nnedi Okorafor est enfin sorti en français chez l'École des Loisirs !

(j'avoue, les couvertures françaises sont toujours aussi moches, mais les romans sont vraiment tops) 

• D'Or et d'Oreillers, le superbe roman de Flore Vesco a été adapté en BD par Mayalen Goust (qui avait déjà réalisé la magnifique couverture du roman).

• Trois ans après la conclusion de la série, les Bergères Guerrières sont de retour pour un prequel sous forme d'album jeunesse qui revient sur l'enfance de Molly et Liam.

• Michel, l'irrésistible Maman Ours prépare Halloween dans un nouvel album.

• Si vos enfants aiment les jeux d'énigme et le superbe univers celtique de Tomm Moore, alors la nouvelle boite d'Unlock Kids va les ravir !

J'aime mon corps (tel qu'il est)

Beaucoup de gens entretiennent une relations compliquée avec leur corps, et ce encore plus à l'adolescence, alors que l'on subit de plein fouet nombre d'injonctions sur notre apparence. 

Ce guide plein de bienveillance a pour objectif d'aider les ado·e·s à faire la paix avec leur corps en apprenant à mieux le connaître et l'apprécier. Il leur propose également de prendre du recul sur les normes de beauté (trop souvent contradictoire et/ou impossibles à atteindre) que nous dicte la société. L'idée est d'arriver à se libérer de la comparaison permanente, souvent alimentée par les réseau sociaux, et de l'anxiété qui en découle. Parce qu'avoir une relation apaisée avec son corps, c'est aussi une étape vers une relation apaisée avec les autres.

Soutenu par des illustrations joyeuses et colorées, et qui mettent en avant des corps variés, le texte de ce documentaire reste toujours accessible. Chacun des grands chapitres se conclut sur des conseils pratiques pour aider les lecteur·rice·s à changer le regard qu'iels portent sur iels-mêmes. Et bien sûr, l'ouvrage s'achève sur une liste de ressources pour les ado·e·s qui souhaiteraient approfondir le sujet. Au final, ce livre vient rejoindre l'excellent Queer et fières découvert l'année dernière dans une très chouette série consacrée à l'adolescence.

J'aime mon corps (tel qu'il est), de Phillippa Diedrichs et illustré par Naomi Wilkinson, un documentaire incontournable pour les bibliothèques adolescentes, à partir de 12 ans.

Helvetiq

(Je réalise que cela fait maintenant fort fort longtemps que j'ai pas fait de billet spécial éditeur sur ce blog alors allez zou c'est parti !)

La maison Helvetiq est née en Suisse (#NoShitSherlock) il y a une petite quinzaine d'années. Au départ il s'agissait d'un éditeur de jeux de société (dont certains sont d'ailleurs disponibles sur Board Game Arena), puis il y a eu des ouvrages adultes (les guides rando-bière dont je ne pourrai hélas pas parler sur un blog jeunesse) et enfin des livres pour les plus jeunes.

Ici on est particulièrement fans de leurs documentaires, que ce soit sur des sujets de sciences ou de société, ils sont toujours rudement bien ficelés. Il y a des productions de la maison même et des traductions, mais dans les deux cas, le fait qu'il ne s'agisse pas de livres écrits par des auteur·rice·s français·e·s apporte un décalage et une ouverture bienvenue sur le monde.

Dans leur catalogue on vous recommande particulièrement les titres suivants :

Côté société,

• Femmes au fil du temps, qui revient sur l'histoire de l'humanité au féminin

• Citoyennes !, une formidable histoire de la lutte pour le suffrage féminin

• Vigdís, un documentaire sur la première femme élue présidente

Et pour les sciences, on vous conseille,

• L'Encyclopédie illustrée des éléments, une Bible pour tou·te·s les chimistes en herbe

• Mes lunettes super chouettes, un documentaire pour les binoclard·e·s pas bêtes

Et enfin, notre chouchou ultime, puisqu'il parle à la fois de féminisme ET de science,

• Game Ovaire, un démontage joyeux des clichés sexistes en sciences.

Indomptable

Je n'ai pas besoin de votre maison,

de vos quatre murs et de vos lois.

J'ai besoin de liberté et d'espace autour de moi.

Armée de son arc et de flèches, une petite fille proclame son indépendance et part à l'aventure. Rien ne l'arrête, toute la nuit la voilà qui joue, danse et fait la fête.

Poétique, sauvage et joyeux, cet album aux couleurs chatoyantes est une ode à l'imagination qui fera la joie des jeunes lecteur·rice·s souvent trop contraint·e·s par leurs parents. Dans son costume de chat, la jeune héroïne du texte est la digne héritière du célèbre Max (et ses maximonstres) qui a fait fait le bonheur de tant d'enfants au fil des décennies, et on lui souhaite le même destin de classique.

Indomptable, de Morgane de Cadier et Pierre-Emmanuel Lyet, toute la fureur de vivre de l'enfance à découvrir dès 5 ans.

Bis repetita

Cinq lycéen·e·s un peu glandu·e·s et leur prof de latin en mode service minimum (la toujours formidable Louise Bourgoin) se retrouvent à l'insu de leur plein gré aux Ludi Latini, soient des sortes de championnats du monde de latin.

Le souci, c'est que du latin, depuis trois ans la classe n'en fait pas, vu que le deal c'est que chacun·e fait sa vie et après c'est 19 pour tou·te·s. Mais pour sauver le poste menacé de leur enseignante, la petite bande va sortir le grand jeu (en vrai iels vont tricher).

Cette jolie comédie lycéenne pleine d'humour au casting pimpant est un excellent choix pour une soirée ciné en famille si vous avez des ado·e·s (latinistes ou non) à la maison. Toute la famille a beaucoup aimé cette histoire un peu amorale (oubliez les grands discours pontifiants sur l'importance d'un travail acharné) mais joyeuse et créative (avec une reprise de Céline Dion comme vous ne l'avez jamais entendue), et qui parvient même, ô divine surprise, à vous faire aimer le latin.

Bis repetita, un film qui fait vivre une langue morte, à partir de 10 ans.

(et le film est disponible sur la Médiathèque Numérique !)

Game Ovaire

Les inégalités femme/homme, c'est la faute aux cerveaux pas pareils, à la testostérone, aux différences de taille... bref, à la nature ? Vraiment ?

On est en 2024 et il y a encore et toujours des gens pour dégainer de vieux arguments pseudo "scientifiques" (et pourtant déjà mille fois invalidés) pour justifier l'injustifiable. Physicienne de formation et aujourd'hui journaliste scientifique, Lucia Sillig nous propose dans ce riche documentaire (avec plein de sources récentes, parce qu'en sciences, se tenir à jour des avancées, c'est important) 24 chroniques qui dézinguent joyeusement des argument sexistes soi disants scientifiques que l'on entend encore trop souvent. De quoi démonter le patriarcat et toutes les assertions à base de "C'est comme ça !".

Au fil des pages on va donc parler biologie, zoologie, anthropologie, philosophie et plein d'autres trucs en ie (et un peu histoire des sciences aussi), dans un ouvrage qui vient très justement rappeler que, si la science est la recherche d'une certaine objectivité, celles et ceux qui la font ne sont jamais dépourvus de biais qu'il est essentiel de questionner. Une mission que ce livre au textes plein d'humour réussit haut la main !

Game Ovaire, pour en finir avec les arguments scientifiques sexistes et périmés, de Lucia Sillig, un documentaire où le masculin ne l'emporte pas, à partir de 14 ans.

À ce soir, maman !

Chaque matin, la maman de Chino part travailler, et chaque soir elle revient. Mais ce matin, pour rassurer la petite fille jusqu'à son retour, sa maman lui donne son joli foulard vert avec les pois rouge et bleus, celui qu'elle porte la nuit pour se protéger les cheveux. Toute la journée, la foulard accompagne Chino et son doudou. Au fil de l'imagination de la petite fille, il se fait tour à tour couverture, paravent, voile ou turban.

Après Nous sommes tous des féministes, j'étais enchantée de retrouver le duo formé par Chimamanda Ngozi Adichie et Leire Salaberria pour ce nouvel album poétique et lumineux, où un foulard se transforme au bon vouloir de sa petite propriétaire. J'ai également apprécié de voir passer la petite Chino dans les bras aimants des différents membres de sa famille, dont un papa qui cuisine, ce qui est encore suffisamment rare en littérature jeunesse pour être souligné.

À ce soir maman !, de Chimamanda Ngozi Adichie et illustré par Leire Salaberria, un album tout doux et joyeux pour les enfants à partir de 4 ans.

Les mondes Roms/ Le monde Yiddish

Les mondes Roms et Yiddish ont en commun une histoire pluricentenaire, ainsi qu'une culture d'une grande richesse où la musique occupe une place centrale, et néanmoins mal connue du grand public. Ces mondes ont également fait l'objet de violentes persécutions, notamment au XXème siècle lors de la montée des fascismes européens, qui jetèrent à plusieurs reprises leurs populations sur les routes de l'exil. 

Ces deux très beaux et riches documentaires (portés par un sociologue spécialisé des questions de migrations) nous emmènent à la rencontre de ces deux univers, et viennent leur rendre justice, loin des préjugés et des stéréotypes. Parce qu'il est plus que jamais essentiel d'apprendre à mieux connaître les mondes que l'on ne considère pas comme les nôtres, et l'humanité qu'ils abritent.

Les mondes Roms/Le monde Yiddish, d'Olivier Peyroux et illustré par Marie Mignot/Arnaud Nebbache, deux incroyables voyages à entreprendre à partir de 9 ans.

Élémentaire

À Element City, métropole où les quatre éléments (eau, air, terre et feu) coexistent, mais où certains sont plus égaux que d'autres, une fille de feu tombe amoureuse d'un garçon d'eau et c'est pas simple...

J'avais manqué ce Pixar, sorti en 2023 et qui a fait peu de bruit à l'époque, peu attirée par une bande annonce qui me vendait un récit façon Roméo et Juliette somme toute assez classique. J'ai donc été très agréablement surprise en découvrant ce film un an après sa sortie. Contrairement à ce que laissait entendre la bande-annonce, le véritable sujet du film n'est pas la romance entre Flam et Flack (oui, on sent qu'ils ont tout donné pour le noms des protagonistes en VF), mais bien la relation entre la jeune femme et ses parents, immigré·e·s à Element city juste avant sa naissance.

Avec énormément de délicatesse, le film parle d'immigration, d'héritage et de transmission. Il se penche sur la deuxième génération, les enfants qui grandissent partagés entre deux cultures, entre reconnaissance pour des parents qui ont tout abandonné pour une vie nouvelle, et envie de se tracer un destin propre. À ma connaissance, c'est la deuxième fois que le studio Pixar donne à un réalisateur la possibilité d'intégrer son vécu d'enfant d'immigré·e·s dans le propos d'un long métrage (après le fabuleux Alerte Rouge qui se déroule au sein de la communauté chinoise de Toronto) et le résultat est terriblement touchant.

Élementaire, une histoire de famille à découvrir dès 8 ans.