samedi 20 février 2010

Une île trop loin

Dans ma bibliothèque il y a une section réservée aux livres pour ados et sur l'étagère il y a un petit présentoir intitulé "romans passerelles" avec un ou deux bouquins posés dessus. Ce sont des romans plus complexes, réservés aux bons lecteurs. Les héros sont des adolescents mais la qualité de l'écriture et les thèmes abordés en font quasiment des romans pour adulte. En général je me précipite dessus parce qu'il y toujours là quelques pépites. C'est comme ça que j'ai découvert "Une île trop loin" de Annika Thor - suivi de 3 autres tomes "L'étang aux nénuphars", "Les profondeurs de la mer" et enfin "Vers le large".

Ces livres racontent l'arrivée en Suède de Steffi et Nellie, deux petites filles juives autrichiennes, au début de la seconde guerre mondiale. Elles sont confiées par leurs parents à une association de réfugiés qui les accueille et les place chacune dans une famille différente sur une île dans l'archipel Göteborg. Les deux soeurs se sentent complètement perdues dans un pays dont elles ne connaissent pas la langue, dans un petit village de pêcheurs où la vie est si différente de celle qu'elles menaient à Vienne. Leur père est médecin, leur mère chanteuse d'opéra et avant les humiliations et les privations imposées par les nazis, elles faisaient parties de la "haute société".

Nellie vit chez Tante Alma qui est douce et aimante. Elle finit par s'adapter à sa nouvelle vie, à tel point qu'elle oublie sa langue natale et n'écrit plus à ses parents. Elle s'éloignera même de sa grande soeur. Pour Steffi, la plus âgée, tout va de travers. Elle vit chez Tante Martha qui est dure et austère. A l'école les enfants du village la rejettent et la persécutent. J'ai eu un peu peur au début que l'on tombe dans le schéma classique de l'héroïne sur laquelle pleuvent tous les malheurs du monde. C'est en fait un roman très fin qui parle de la différence, du racisme, du regard des autres, et du sentiment d'appartenance à une famille, à un pays, à une religion. Steffi finira par comprendre que Tante Martha cache un coeur d'or sous sa carapace et elle l'aimera sincèrement. L'oncle Evert, marin souvent absent est plus chaleureux. Il mettra de suite Steffi en confiance et il lui apprendra à aimer l'île et la mer immense qui l'angoissait tellement à son arrivée.

Puis les soeurs grandissent. Très douée à l'école, Steffi réussira à décrocher une bourse pour partir étudier au collège et au lycée. Elle quitte donc l'ile et sa famille d'accueil. Tout au long des 4 tomes on suit son destin. Son caractère si indépendant et si déterminé force l'admiration. En contrepoint de la vie de Nellie et Steffi, il y a bien sûr la guerre qui se déroule au loin - la Suède est restée plus ou moins neutre - et le sort des juifs sous le régime nazi avec les lettres de leurs parents qui racontent leur quotidien. Les romans s'achèvent à fin de la guerre avec l'arrivée en Suède de réfugiés qui viennent des camps de concentrations.

Je n'ai évidemment pas de public ado à la maison donc c'est difficile de vous dire exactement à quel age lire ce livre. Comme on étudie la seconde guerre mondiale en 3ème, il me semble que ça doit être le bon moment pour commencer cette série.


2 commentaires:

Delphine a dit…

J'ai pour ma part lu le premier tome de cette super série de livres en sixième. Si les soucis de la guerre sont présents dans toute la trame de fond du roman, il me semble que le sujet principal (l'adaptation des deux soeurs à un pays si différent du leur) n'empêche pas les tout jeunes lecteurs de pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Il apprend l'existence concrète de la guerre aux plus jeunes lecteurs, et une vision différente de ce que la guerre peut faire subir aux civils aux lecteurs plus vieux (ben oui, quoi, la suède, on n'en entend pas parler au collège lycée !). Malgré un péché de traduction que je déplore (des expressions qui ne sont pas à leur place dans le langage des deux filles, par exemple), il reste tout à fait lisible et appréciable à partir de 12 ou 13 ans selon moi. Voilà !

Anonyme a dit…

Dans cette catégorie de lectures "intermédiaires", je recommande chaudement NIOURK, de Stefan Wul. Un excellent roman d'anticipation lu quand j'étais ado et qui m'a longtemps suivi...