dimanche 13 décembre 2020

Âge tendre

France, dans un futur pas si lointain, à l'issue de leur année de troisième, tou·te·s les collégien·ne·s du pays sont envoyé·e·s pour dix mois faire leur service civique obligatoire (SerCi) dans une région différente de celle où ils résident. À l'issue de cette période on attend d'elles et d'eux un rapport de trente pages dactylographiées.

Et c'est ainsi que le jeune Valentin Lemonnier va quitter Albi (son soleil, sa cathédrale) pour les Hauts-de-France (impression à l'annonce de la région d'affectation : négative), afin de rejoindre une unité Mnémosyne, dédiée à l'accueil en fin de vie des personne atteintes de démence (impression à la lecture de la description du stage : très négative). Suivra pour le jeune adolescent une année riche en rencontres, en émotions, et en chansons de Françoise Hardy, et ce roman sous forme de rapport de stage (378 pages, il a dépassé) vient en témoigner.

Depuis les fabuleuses Petites Reines, j'attend chaque nouvel opus de Clémentine Beauvais avec impatience. On pourrait dire que je l'attends au tournant, sauf qu'en vrai j'ai une confiance absolue en sa capacité à se renouveler à chaque fois, et cette confiance a été encore renforcée à la lecture d'Âge tendre

Une fois de plus sa fantaisie et son inventivité font merveille dans ce récit à nul autre pareil. Son éblouissante maitrise du langage se met au service d'un récit à deux voix : le Valentin qui va rédiger son journal de bord quotidien, mais aussi l'adolescent qui a muri au cours de son année de serci, et s'exprime avec recul et lucidité dans des notes rétrospectives disséminées au fur et à mesure du texte. Il en résulte un tableau d'une infinie délicatesse de l'adolescence dans toutes ses contradictions (les choses qu'on croyait parfaitement savoir et puis en fait non). On y trouve aussi une réflexion passionnante sur la mémoire et ce qui fait nos souvenirs. Le tout forme un roman dont chaque mot est à la fois fragile et précieux, et pourtant traversé d'humour de bout en bout.

Âge tendre, de Clémentine Beauvais, 300 pages de bonheur pop à dévorer dès 12 ans.

PS : Regardez moi cette petite merveille de bande annonce concoctée par l'éditeur !


PPS : Il s'agit certes d'un roman jeunesse (enfin ado), mais la lecture de l'introduction du rapport de stage de Valentin vaut le détour pour tous les adultes qui ont déjà eu l'occasion d'encadrer un stagiaire de troisième...

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