William Shakespeare au service secret de sa majesté

À l'âge de 11 ans, le jeune William Shakespeare, fils d'un gantier enrichi de Stratford-upon-Avon, déjoue un attentat contre la reine Elizabeth I. Ce coup d'éclat lui vaut d'être repéré par John Dee, conseiller de la reine qui est en train de monter le programme Parnasse, un réseau de poètes espions au service de la couronne. Mais en cette fin du XVIème siècle, l'Angleterre est un vrai nid de vipère, et celui que le monde connaîtra bientôt simplement comme le Barde, s'est également fait des ennemis redoutables...

Avec ce William Shakespeare, Louise Guillemot détourne habilement la grande histoire et signe un éblouissant récit de cape et d'épée, sur lequel flotte l'esprit de Shakespeare, bien sûr, mais aussi celui d'Alexandre Dumas. Le texte est à la fois poétique et plein d'humour, et incroyablement érudit mais sans jamais être rébarbatif. Les superbes illustrations pleines de couleur et de fantaisie de Jeanne Macaigne (c'est sa magnifique couverture qui m'a d'abord donné envie de découvrir le roman) s'accordent à merveille avec le texte et font des tomes de cette duologie deux magnifiques objets livres.

William Shakespeare au service secret de sa majesté, de Louise Guillemot et illustré par Jeanne Macaigne, parce que le monde appartient aux poètes, à partir de 12 ans

Une histoire de bisous

C'est l'histoire d'une princesse qui rêve de preux chevalier. Mais comme elle n'a qu'une grenouille sous la main, elle fait ce que toute princesse ferait à sa place, elle l'embrasse (même si, entre nous soit dit, embrasser une grenouille c'est un peu crado).  Et, contre toute attente, ça marche.

Le souci, c'est que le chevalier rend son bisous à la princesse, qui devient alors cheval. Et de bisous en bisous, nos deux protagonistes vont connaître moultes métamorphoses avant de retrouver leur forme originale.

Les histoires de bisous sont un grand classique des albums à destination des tou·te·s petit·e·s, et celui-là devrait sans problème se faire une place dans les bibliothèques jeunesse. Les images en ligne de la couverture ne rendent pas justice aux magnifiques rose et vert fluos des illustrations, qui sont à la fois sobres et flamboyantes (si, si, c'est possible), et surtout pleines d'humour. Ce petit conte malin permet aussi de s'interroger avec sa progéniture sur ce que l'on a, et ce que l'on voudrait.

Une histoire de bisous, de Davide Cali Et Raphaëlle Barbanègre, un album un peu foufou à découvrir dès 3 ans.

L'arrivée des capybaras

Dans une basse cour tristounette, l'arrivée d'une bande de capybaras venus se réfugier loin des chasseurs suscite d'abord la méfiance et l'hostilité de la volaille pas très hospitalière. Mais au fil des jours, les bêtes à poil et à plumes apprennent doucement à se connaître, jusqu'a envisager un futur en commun et plus joyeux.

Ce petit album trouve des mots simples pour parler d'accueil des étrangers aux plus jeunes lecteurices et il le fait avec beaucoup d'intelligence et de délicatesse. Le récit montre notamment que les poules ont bien d'autres choses à craindre et à questionner que la présence parmi elles de ces sympathiques mammifères aquatiques. Les illustrations en grisaille rehaussée de quelques couleurs sont à la fois très douces et super expressives et il est difficile de résister aux adorables bouilles de ces réfugiés poilus.

L'arrivée des capybaras, d'Alfredo Soderguit, un bel album qui parle d'ouverture aux autres, à partir de 4 ans.

PS : L'histoire à fait aussi l'objet d'une adaptation en court métrage d'animation l'an dernier. Donc il est possible qu'elle passe dans des programmes jeunes public dans votre cinéma de quartier.

Le Chant du Missouri/Meet me in St Louis

Meet me in St Louis suit les tribulations de la famille Smith au fil des saisons, l'année qui précède l'exposition universelle de 1904 à St Louis, Missouri. On y parle des amours des filles aînées, des costumes d'Halloween des plus jeunes, et surtout, d'un éventuel déménagement de la tribu à New-York, suite à la promotion du pater familias. Mais comment quitter ce qui ressemble bien au paradis terrestre pour toute la famille ?

En 1944, alors que les soldats américains se faisaient canarder en Europe, Vincente Minelli leur offrait cette petite merveille nostalgique en technicolor pour leur rappeler que (comme disait un autre film avec Judy Garland) There's no place like home. 80 ans plus tard, l'éblouissement reste intact devant l'explosion de couleurs et de fantaisie (et les costumes fabuleux) de cette comédie musicale portée par des chansons inoubliables et l'incroyable voix de Judy Garland. 

Meet me in St Louis est un formidable film doudou à partager pendant les fêtes avec sa progéniture, histoire de pleurer ensemble, quand le soir de Noël Judy Garland entonne Have yourself a merry little Christmas pour consoler sa petite soeur.

Meet me in St Louis, un bonbon sur grand écran, à savourer dès 7 ans.

Incroyables métamorphoses

Les ouvrages d'histoire naturelle prennent souvent la forme d'interminables catalogues où les animaux se suivent et sont représentés de manière statique. Pourtant, la nature est incroyablement dynamique et changeante. Les espèces se transforment sans cesse, que ce soit sur des millions d'années d'évolution, au cours d'une vie, au fil des saisons ou même l'espace d'un instant, pour se fondre dans son environnement.

Ce très beau documentaire met donc en avant toutes les métamorphoses que l'on peut rencontrer dans le vivant. Celles des insectes bien sûr, mais aussi celles des petits mammifères, dont le pelage évolue pour mieux se cacher. Il y a les changement saisonniers, pour se faire discret dans les paysages enneigés, et ceux qui ne durent que le temps d'une parade nuptiale. Les illustrations hautes en couleur alternent avec des pages de BD pour donner vie à un monde où partout, la nature se fait mouvement, dans un album fascinant qui vient nous rappeler que dans le fond, les pokémons n'ont rien inventé.

Incroyables métamorphoses, de Sophie Blitman et Marlène Normand, un univers captivant à découvrir dès 8 ans.

Château Combo

Dans Château Combo, il s'agit de construire sa grille de 3*3 cartes en piochant parmi divers personnages. Châtelain·e·s ou villageois·es, religieux·ses, militaires, artisan·e·s ou paysan·e·s, ce ne sont pas les possibilités qui manquent. À vous de les agencer de la manière la plus judicieuse possible pour empocher les points de victoire !

Facile à apprendre et à transporter, voilà encore un chouette jeu à emporter pendant des vacances en familles. Les parties s'enchaînent rapidement, le challenge étant de choisir entre des cartes qui vous rapporteront immédiatement des points, et celles qui ne feront effet qu'à la fin. Les multiples combinaisons possibles permettent un bon renouvellement d'une partie à l'autre, et les illustrations avec leurs petits personnages colorés sauront charmer les jeunes joueureuses (et les moins jeunes aussi).

Château Combo, pour peupler le plus beau des château, à partir de 9 ans.

PS : Il est dispo sur Board Game Arena et pour les expert·e·s, une extension arrive le mois prochain !

Au coeur de ton cerveau

On a longtemps cru que le siège de la pensée humaine se logeait dans notre coeur, avant de rendre au cerveau ce qui lui appartient. C'est pourtant dans cet extraordinaire centre de commandement, dont les scientifiques peinent encore à comprendre le fonctionnement, que naissent nos souvenirs, nos émotions et nos facultés de réflexion.

Ce joli documentaire aux illustrations colorées nous invite donc à la découverte de cet organe fascinant et incroyablement complexe. L'ouvrage montre toute l'étendue de ses capacités, mais aussi les situations où il peut se tromper. Il aborde aussi les questions de santé mentale, en présentant les pathologies associées au dysfonctionnement du cerveau. Au final, on sort moins bête de cette lecture et surtout impressionné·e par tout ce que notre cerveau est capable d'accomplir !

Au coeur de ton cerveau, de Sophie Blitman et Camille Ferrari, un documentaire pour faire chauffer ses neurones, à partir de 9 ans.

Little Town

Une contrée encore inhabitée, des ouvriers à placer (et à nourrir !), des ressources à récolter, des bâtiments à ériger...

Au premier abord, le pitch de base de ce jeu de gestion de ressources/pose d'ouvriers se semble pas vraiment se démarquer du lot. Pourtant, avec les enfants on continue à ressortir régulièrement cette petite boite achetée il y a déjà plusieurs années. D'une part parce que la mécanique est assez simple du coup on peut rejouer après des mois d'interruption sans avoir besoin de se retaper la lecture des règles. Et d'autre part parce que le principe central du jeu, les bâtiments à construire et les effets associés varient à chaque partie, permet effectivement un renouvellement dans les déroulement desdites parties.

Au final, sans offrir un concept révolutionnaire, Little Town reste un excellent jeu dans sa catégorie, car il offre un très bon équilibre entre accessibilité des règles et élaboration d'une stratégie un peu complexe, ce qui lui permet de s'inscrire dans la durée.

Little Town, un boîte pour les bâtisseurices, à ouvrir dès 7 ans.