dimanche 25 mars 2018

Qui sont les féministes ?

Longtemps les éditeurs jeunesse se sont tenus loin des sujets de société, et notamment de la question du sexisme (qui était même abondamment entretenu dans d'innombrables ouvrages), comme s'il fallait épargner à nos chères têtes blondes toute réflexion ou regard critique sur le monde qui les entoure. Heureusement le vent tourne, et ces derniers mois ont vu la parution d'un certain nombre de titres explicitement consacrés au sujet, dans la lignée du mouvement initié par les formidables albums de Claire Cantais à La Ville Brûle.

C'est bien sur une excellente nouvelle. Ce qui est moins excellent c'est hélas la qualité, disons plutôt variable, des dits ouvrages, avec un certains nombre de livres incomplets, superficiels ou même véhiculant des informations fausses sur le sujet (comme si on avait vraiment besoin de ça).

Je me réjouis donc particulièrement de la sortie de Qui sont les Féministes ?, aux éditions du Ricochet (petites par la taille et grandes par la qualité de leurs publications). Ce petit livre remarquablement riche et bien documenté aborde une grande variété de sujets autour des inégalités femmes-hommes (que ce soit dans les sphères privées, publiques, professionnelles ou religieuses), fait le portrait de figures militantes tout autour du monde, et présente avec clarté et pédagogie des concepts importants de la lutte actuelle pour l'égalité des sexes, comme la charge-mentale, le slut-shaming ou l'intersectionnalité. Les illustrations dynamiques d'Élodie Perrotin se marient parfaitement au texte et l'ensemble est judicieusement complété par une bibliographie (ce qui est encore trop rare dans les documentaires jeunesse) permettant d'approfondir le sujet, en ligne ou via d'autres livres (et où l'on retrouve bien sur les formidables Culottées et Les Règles, quelle aventure !).

Bref, il s'agit vraiment de l'ouvrage le plus complet (et rigoureux) qu'il m'ait été donné de voir passer sur la question et il devrait occuper une place d'honneur dans toutes les bibliothèques adolescentes.

Qui sont les féministes !, de Julie Guiol et illustré par Élodie Perrotin, un documentaire épatant à découvrir dès 11 ans.



mercredi 21 mars 2018

Superchouette printemps !

Pour commencer le printemps en beauté je vous ai préparé une petite listes de nouveautés (disons des six derniers mois) dans des séries déjà chroniquées, et appréciées, sur SuperChouette :


  • Les Carnets de Cerise en sont désormais à leur cinquième tome et la série est toujours aussi attachante avec sa bande de copines intrépides couplée à un beau duo mère-fille.
  • Une autre équipe de filles qu'on adore, c'est celle d'Allo Sorcières, dont le deuxième tome, cette fois centré sur Maria la québecoise, est à la hauteur de son fabuleux prédécesseur.
  •  Geneviève, la quatrième des frangines de Malika Ferdjoukh, a enfin son album BD qui vient clôturer en beauté le cycle sous un soleil resplendissant.
  • Depuis six mois déjà c'est le troisième opus des Enfantillages d'Aldebert qui rythme nos voyages en voiture.
  • Enfin, l'extension Secrets & Lies de Mysterium vous permet d'en savoir plus sur les motivations du meurtre que vous cherchez à élucider. Mais surtout, à l'occasion de la sortie de cette extension, l'éditeur a préparé une super Murder party dont tout le matériel peut être téléchargé sur cette page. On l'a testée avec les enfants et des copains et on a passé une super chouette soirée.

dimanche 18 mars 2018

Le Yark

Dans la famille, Les monstres de l'enfance adorables et terrifiant à la fois, aujourd'hui je voudrais le Yark.

Le Yark c'est un peu un croisement entre le Monstre Poilu de Pef et Bichonnier et les Maximonstres de Sendak. Soit une grosse boule de poils très dentue et très griffue, mais fort sympathique au demeurant, la preuve il adore les animaux. Le seul souci étant qu'il se nourrit exclusivement d'enfants, mais pas n'importe lesquels attention ! Des enfants sages seulement, les garnements ne convenant pas à sa constitution fragile.

Mais les enfants sages, de nos jours, ça ne court plus les rues. Et notre pauvre Yark se trouve bien en peine de dénicher une nourriture qui lui conviendrait. Dans cette quête d'un enfant enfin digeste, le chemin du Yark va croiser celui de Madeleine, la plus merveilleuse petite fille du monde (depuis que la tenante précédente du titre a bruyamment renoncé à celui-ci en faisant caca dans son cartable quelques pages plus tôt).  

La fillette saura-t-elle apprivoiser cette grosse bête ?

Autour du duo classique du montre (pas si monstrueux) et de l'enfant, Bertrand Santini a su conter une histoire unique où se succèdent à tour de rôle la terreur et l'humour dans une langue riche et poétique (le récit des soucis digestifs du Yark étant particulièrement croquignolesque). Ce court roman est mis en image à la perfection par Laurent Gapaillard (auquel on doit également les fabuleuses couvertures de la Passe-Miroir), dont les dessins en noir et blanc évoquent les gravures de Doré illustrant les contes de Perrault et font de ce monstre un classique moderne.

Le Yark, une grosse boule d'horreur et de tendresse, écrite par Bertrand Santini et illustrée par Laurent Gapaillard, à adopter dès 8 ans. 

dimanche 11 mars 2018

Jazz sous la Lune

Par chez nous l'ensemble de la famille apprécie énormément les livres-disques de chez Didier Jeunesse (comme Au fil des flots) qui présentent toujours une sélection musicale soignée et remarquablement mise en valeur dans un bel album.

En 14 chansons et autant d'interprètes au top (dont on peut écouter des extraits sur cette page), ce superbe ouvrage ne déroge pas à la règle et nous emmène faire une ballade au clair de lune de toute beauté. Chaque titre est présenté dans le livre, avec les paroles de la chanson originale et leur traduction en français, et le tout est merveilleusement illustré par les dessins délicats d'Ilya Green. Comment dire non à une si belle invitation au voyage ?

Jazz sous la Lune, chez Didier Jeunesse et illustré par Ilya Green, 45 minutes enchanteresses pour s'évader dès 3 ans.

dimanche 4 mars 2018

Le journal d'Aurore


Quand Aurore démarre son journal elle a quatorze ans et c'est une ado banale à en pleurer, elle même vous le dira. Des parents dépassés, deux soeurs à supporter (la belle et le petit génie), des grands-parents bienveillants, des copines à la vie à la mort, et puis les cours au collège où l'on crève d'ennui. Et d'ailleurs comme me disait fille aînée en achevant le premier tome de la trilogie Mais en fait il se passe jamais rien dans ce livre !

Et pourtant.

Pourtant on s'attache, parce que Aurore c'était nous avant, ça sera nos enfants d'ici quelques années (et j'en tremble rien que d'y penser). L'adolescence dans toute sa splendeur : la colère perpétuelle, la lucidité brute, le sérieux souvent ridicule, les sentiments à fleur de peau, la fantaisie presque absurde, et puis aussi une bonne dose d'autodérision pour emballer le tout. Alors on la suit pendant trois ans de journal, Aurore. On la voit grandir, trébucher, repartir, hésiter, redémarrer. Et puis on la quitte finalement, apaisée, prête à entrer dans l'âge adulte. Certes, ça ne sera probablement pas de la tarte, mais quand on a survécu à l'adolescence on peut bien tout affronter.

Le journal d'Aurore, trois romans de Marie Desplechin, un belle adaptation en bande dessinée (et deux tomes) d'Agnès Maupré, et une très chouette adaptation filmée (condensant librement les trois romans) autour d'un héroïne très adolescente, très chiante et quand même bien marrante, à aimer à partir de 10 ans (mais le tout parlera aussi beaucoup aux parents d'adolescents...).